Le roi Charles, diagnostiqué d’un cancer, va se mettre en retrait de la vie publique, mais garde ses fonctions constitutionnelles. Un coup dur pour la famille royale britannique qui, selon une maxime attribuée à Elizabeth II, « doit être vue pour être crue ».
Publié le 6 févr. 2024 à 16:53
Il a attendu 73 ans pour devenir roi. Mais dix-sept mois après son accession au trône, voilà Charles III contraint de se mettre en retrait. L’annonce de son cancer ébranle non seulement une famille, mais aussi une institution, la monarchie britannique, dont le pouvoir repose en grande partie sur des apparitions publiques soigneusement orchestrées.
« Je dois être vue pour être crue » : Cette maxime attribuée à Elizabeth II illustre bien les ressorts de ce « soft power ». Si la famille royale n’est pas censée prendre position dans le débat politique, elle participe activement à la vie publique britannique, par sa présence à divers événements ou inaugurations, son soutien à des oeuvres caritatives, ou par des parrainages associatifs. Sans compter les visites d’Etat, rouage de la diplomatie britannique.
Fonctions constitutionnelles
Dès l’annonce de sa maladie, le palais de Buckingham a assuré que Charles continuerait « de s’occuper des affaires de l’Etat et des tâches administratives comme d’habitude », selon le communiqué publié lundi soir. Il recevra toujours chaque jour la « boîte rouge » l’informant des affaires du pays.
Ses entrevues hebdomadaires avec le Premier ministre sont également maintenues. Le monarque conserve par ailleurs ses fonctions constitutionnelles, comme le fait de promulguer les lois ou d’ouvrir la session parlementaire par le traditionnel « discours du trône ».
En revanche, ses prochaines tournées diplomatiques, au Canada et en Australie, paraissent compromises. C’est pourtant un rôle dans lequel il s’était pleinement investi depuis son accession au trône, accordant notamment ses premières visites d’Etat à Allemagne et à la France, dans l’optique de resserrer les liens avec l’Europe après le différend du Brexit . Il s’était également illustré à la COP de Dubaï, où il avait tenu le discours d’ouverture.
Sa mise en retrait va pousser la reine Camilla à être encore plus présente. A 76 ans, elle a gardé un programme très chargé, même ces derniers jours lorsque le cancer était déjà diagnostiqué. Quant au prince William, 41 ans, il va se retrouver en première ligne. Mais son épouse Kate, très populaire, s’est elle aussi mise en retrait, en longue convalescence, au moins jusqu’à fin mars, après une opération de l’abdomen.
Charles ayant voulu une monarchie « plus resserrée », les « working royals » pouvant le relayer pendant son absence sont moins nombreux que par le passé.
Loi sur la régence
Que se passe-t-il si le monarque se retrouve en incapacité de régner ? Ce cas de figure est encadré par une loi sur la régence de 1937, datant de l’arrivée sur le trône de George VI, alors que sa fille Elizabeth n’avait que dix ans. Tout d’abord, la décision de le déclarer en incapacité revient à cinq personnes, dont son épouse Camilla, le « speaker » de la Chambre des communes Lindsay Hoyle, et trois grands officiers d’Etat du gouvernement britannique.
Dans ce cas, la loi prévoit la nomination de « conseillers d’Etat » pour couvrir son absence. C’est ce que la Reine a fait, lorsqu’elle a demandé à son fils Charles de faire l’ouverture de la session parlementaire en 2022. En théorie, les premiers héritiers dans la ligne de succession, âgés de plus de 21 ans, peuvent tenir ce rôle, à savoir la reine Camilla, le prince William, son frère Harry, Andrew et la princesse Béatrice.
La famille royale a précisé devant le Parlement fin 2022 que « seuls ses membres actifs », ceux qui sont officiellement des « working royals », pouvaient « en pratique » agir comme conseillers d’Etat, excluant de fait Harry, Andrew et Béatrice. En revanche, Anne et Edward, les deux autres enfants d’Elizabeth II, pourraient être choisis. Mais le roi Charles ne s’est pas placé dans cette perspective : « Il a hâte de reprendre ses fonctions publiques dès que possible », assure le communiqué de Buckingham Palace